Françoise Gresse,

l’agreste, a les doigts verts et l’oeil naturel.
Elle perce la carapace du mystère végétal.
Elle entre dans le royaume du non-dit.
Elle dessine l’inaudible.
Elle conte fleurette à l’invisible et aux florettes des jardins,
des prés et des forêts.
C’est une voyageuse visuelle de l’âme, une découvreuse,
une vibrante à la voix d’or.
C’est une paysanne de l’oeil.
Elle aquarellise. Elle aime l’eau et la couleur.
Longue vie à celle-qui-donne-le-goût-du-beau regarder.

Julos Beaucarne, Tourrines la Grosse 1998

La peinture de Françoise Gresse a son propre rythme chromatique. Le rôle du dessin est réduit, elle se concentre sur l’essentiel. La spontanéité de ses gestes suit l’acuité de son regard en usant de la diversité des formes.

Il existe une mystérieuse et intangible conjonction entre son travail et la peinture chinoise. Depuis toujours à l’écoute des cultures orientales, sa graphie dégage une gestuelle toute lyrique.

Partie d’une peinture aux couleurs flamboyantes, Françoise Gresse se laisse aujourd’hui guider de plus en plus par le hasard et par l’intuition en exploitant un style informel et minimaliste dans des camaïeux sable, terre et ocre. À travers les entrelacs de matières, des lignes ascendantes, des silences, son art aux formes personnelles engendrent la ferveur.

On devine chez cette artiste, originaire de Bastogne, une tension de l’esprit, une lutte pour mieux pénétrer et traduire des thèmes informels mais toujours renouvelés. Elle a su se débarrasser de cette lourde influence académique pour arriver à cette belle peinture, colorée et chantante, vigoureuse et nuancée où la féminité s’allie à une émouvante sensibilité.

Lucien Rama
Critique d’art AIA Unesco
Juin 2016